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Bancale, 27 ans, Namur
J'avoue jongler entre un vide de cerveau, une extrême lassitude et une douleur latente... Et une menace aussi. Une menace continuelle, qui me suit discrètement partout où je vais, partout où je pense, jusque dans mes rêves. Elle me chuchote des mots inaudibles dont je ressens l'effroi et elle me fait comprendre qu'elle est toujours là, même si je ne la vois pas.

Parfois, elle me dit que si je continue dans la direction dans laquelle je vais, je devrais faire face à des horreurs qui me pollueront à jamais le cerveau, des horreurs qui iront s'entasser sur mes épaules et que je n'aurais peut-être pas la force de porter jusqu'à la fin de ma vie sans abandonner.

D'autres fois, elle me dit - et c'est pire- que mes pas me mènent à un cul de sac de souvenirs confus et d'indices subjectifs… qu'il n'y aura rien d'autre que la certitude qu'il s'est passé quelque chose sans jamais savoir quoi… qu'il faudra que je vive avec ce fantôme et les regrets attachés comme des grelots à mon incertitude.

Mais cette menace ne fait pas que me murmurer du poison à l’oreille. Elle fait remonter des souvenirs qu’elle me balance comme un poing dans la tronche en me hurlant : « Idiote ! Tu ne vois pas là ??! ». Et moi non, je ne vois pas. Je ne comprends pas où elle veut en venir ou je ne veux pas comprendre. Je me méfie d’elle. Alors elle me chante que j’ai raison de ne pas la croire sur un air moqueur et quelque part, je sais que je suis en train de perdre. Parfois elle me bande les yeux pour que je ne vois pas des choses évidentes, parfois elle me bâillonne pour que je ne parle pas de certaines choses. Elle fait le tri dans ma mémoire, et me pousse à faire des choses dont je n’ai pas envie.

Quand j’essaye de m’occuper, elle me susurre qu’elle fait partie de moi et qu’il faudrait l’accepter si je « veux grandir un peu». Moi j’essaye d’imaginer ce que serait ma vie si j’étais libre d’elle et avec beaucoup d’inquiétude je me rends compte que ça ferait un vide et qu’il me faudrait reconstruire mon identité. Elle m’assure alors que je cherche un bourreau alors que c’est moi le bourreau mais que j’aime trop le rôle de la victime pour me l’avouer. Ça la fait sourire de me faire culpabiliser.

Ma psy lui a donné un nom : Trauma. Il parait qu'on attrape ça quand on a été élevée par un pervers narcissique, quand les indices nous mènent à croire qu'il nous a fait subir, entre autres, une agression à caractère sexuel.
J’avoue que je ne sais pas comment m’en sortir.
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